Comprendre ma peau
L’acné, tout le monde sait ce que c’est, avec son cortège de boutons, points noirs et autres papules qui arrivent toujours au mauvais moment. Mais pourquoi certaines personnes ont-elles de l’acné et pas d’autres ?
L'acné est une maladie inflammatoire du follicule pilo-sébacé, autrement dit la base des poils sur la peau. On en trouve sur toute la surface du corps, sauf la paume des mains et des pieds… justement là où on n’a jamais de boutons.
Comme son nom l’indique, un follicule pilo-sébacé se compose d’un poil et d’une glande sébacée, qui sécrète le sébum. L’apparition de l’acné montre un dysfonctionnement lié à plusieurs phénomènes associés : l’hyperséborrhée, même si l’acné concerne aussi les peaux sèches , la dysséborrhée , l’hyperkératinisation, la prolifération bactérienne, mais aussi une part d’hérédité.
L’hyperséborrhée : elle correspond à la surproduction de sébum résultant de l’activité hormonale qui se déclenche à la puberté. Pendant l’enfance, la peau sécrète très peu de sébum. L’activité des glandes sébacées se met pleinement en place au moment de la puberté, lorsque les hormones sexuelles masculines (les androgènes) commencent à fonctionner, chez les filles comme chez les garçons. Dans la majorité des cas, on observe alors un excès de sébum, avant que l’équilibre hormonal ne se régule. La peau devient grasse et brillante, mais cette hyperséborrhée ne suffit pas à expliquer l’acné : certaines personnes ont la peau grasse sans avoir de boutons !
La dysséborrhée : c'est une modification de la composition du sébum. Récemment, la recherche a mis en évidence une altération qualitative du sébum acnéique par rapport à un sébum sain. Chez les personnes touchées par l'acné, le sébum présente un déficit en vitamine E, qui favorise l’oxydation des lipides cutanés. Le sébum s’écoule plus difficilement hors du follicule et bouche le canal pilaire, ce qui augmente encore le risque d'apparition de comédons.
L’acné est-elle seulement une maladie de la peau grasse ?
Oui et non. Un problème de sébum est toujours à l’origine des imperfections. Mais dans les acnés adultes notamment, il est fréquent que les patients souffrent à la fois de boutons et de nodules tout en ayant une peau fragile, déshydratée et même avec des squames par endroits. Les causes biologiques classiques ne suffisent donc pas à expliquer les lésions.
Dans ces cas-là, l’acné s’explique par les effets de la dysséborrhée, qui contribue à déshydrater la peau, par un déséquilibre du microbiome cutané, par des produits d’hygiène et de soin mal choisis, mais aussi par les effets secondaires d’années de traitements anti-acnéiques agressifs.
Hyperkératinisation, un épaississement de la peau
L’hyperkératinisation est la multiplication excessive des cellules de la paroi du canal folliculaire qui aboutit à la formation d’un véritable bouchon, et empêche le sébum de s’évacuer normalement.
La conséquence est l'apparition de comédons, petites élévations cutanées, soit de la couleur de la peau (comédon fermé, point blanc ou microkyste) donnant un aspect de peau granuleuse, soit centré par un point noir (comédon ouvert) qui peut correspondre soit à une oxydation des lipides à l’air, soit à la présence de mélanines (pigments de la peau) à la surface du comédon. La couleur noire témoigne d’une oxydation des lipides à l’air. A ce stade, il s’agit d’une acné rétentionnelle.
Prolifération bactérienne, les microbes se multiplient
Le sébum constitue un milieu nutritif idéal pour certaines bactéries, en particulier le Cutibacterium acnes, plus récemment appelée Propionibacterium acnes.
Cette bactérie est présente normalement chez tous les individus. Mais la formation d’un bouchon aboutit à un milieu pauvre en oxygène idéal pour la prolifération de cette bactérie qui se développe et se multiplie dans le follicule pilo-sébacé.
Face à cette agression, l’organisme se défend et répond par une inflammation. Le comédon se transforme alors en bouton rouge douloureux appelé papule, parfois surmontée d’une pustule, qui contient du liquide de couleur jaune. Cette évolution correspond à l’acné inflammatoire.
L’acné est-elle héréditaire ?
L’idée que l’acné a une composante génétique et qu’il existe un terrain familial propice est très répandue. Les études sociologiques semblent confirmer partiellement cette idée, avec une hérédité liée à la mère plus forte pour les filles de moins de 20 ans et pour les femmes de 25 à 40 ans souffrant d’acné*.
Même si 46%* des ados de 12 à 19 ans confirment des antécédents familiaux d’acné, le lien ne semble jusqu’ici pas vraiment établi de manière scientifique.
*Arcane Research – Février 2017