Comprendre ma peau
Les adultes souffrant d’eczéma atopique ont été confrontés à la maladie dès l’enfance dans la grande majorité des cas. Parfois, il y a de longues périodes de rémission puis la dermatite atopique réapparaît.
Les dermatologues reconnaissent que cette pathologie de peau est encore très mal connue et que les situations peuvent être très différentes d’un cas à l’autre. On sait aujourd’hui qu’il n’y a pas une seule cause, mais tout un ensemble de facteurs qui font que cette maladie de peau qui se déclenche dans l’enfance se poursuit à l’âge adulte. Le Dr Bourrel-Bouttaz, dermatologue spécialisée à Chambéry, parle de « maladie épigénétique », mettant en jeu à la fois la génétique et l’environnement, c’est-à-dire les conditions de vie.
Sur cette peau trop perméable, qui laisse tout pénétrer, différents facteurs déclenchants liés à l’environnement et au style de vie de chacun vont provoquer l’eczéma proprement dit. Pas de cause universelle, chaque patient a son histoire, ses sensibilités, voilà pourquoi il est très difficile de donner des règles générales.
Pour certains patients, c’est le froid et le vent de l’hiver qui vont déclencher une poussée, pour d’autres la poussière, un pic de pollution ou de pollens, enfin la chaleur et la sueur, qui est influencée par l’alimentation. Dans certains cas, il existe des problèmes digestifs annexes qui génèrent de l’acidité…
En plus de tous ces éléments, le Docteur Bourrel-Bouttaz insiste sur le rôle de la flore intestinale (appelé aujourd’hui microbiome intestinal) : 100 000 milliards de bactéries qui pèsent 2 kg dans notre système digestif et sont un organe à elles toutes seules. La vie moderne, et en particulier la prise répétée d’antibiotiques dans l’enfance, abîme le microbiome intestinal, qui se répare mal et favorise l’eczéma atopique. Enfin, le stress et les émotions sont fréquemment des facteurs aggravants - jamais chez le bébé dont le seul stress est la sensation de démangeaison - mais beaucoup chez l’adulte. L’eczéma atopique est en effet une maladie qui a un impact majeur sur l’identité et l’estime de soi, mais aussi sur la qualité du sommeil.
« C’EST PAS DE CHANCE, JE SUIS COMME ÇA, IL N’Y A RIEN À FAIRE… »
Totalement faux ! Décoder les causes avec un médecin peut prendre du temps, mettre en place les bonnes stratégies aussi, mais à notre époque, tout eczéma atopique peut et doit être traité. Même si le problème est ancien. Il ne faut pas s’habituer à vivre avec, refuser d’accepter la situation avec toutes ses conséquences : démangeaisons permanentes, fatigue chronique par manque de sommeil de qualité, stress, faible résistance aux événements de la vie, abandon du sport, problèmes de relations sociales…
« L’ECZÉMA, C’EST DANS LA TÊTE… »
NON ! Au départ, il y a une cause objective, c’est une peau trop perméable qui réagit excessivement à son environnement. Après, l’eczéma génère un immense stress, à cause des démangeaisons, de l’image de soi, de la fatigue… Et ce stress peut devenir un facteur aggravant, mais ce n’est pas la cause de la maladie.
« L’ECZÉMA, C’EST UNE FORME D’ALLERGIE… »
L’eczéma atopique n’est pas une maladie allergique mais une maladie inflammatoire. La plupart de patients qui font un bilan obtiennent des résultats négatifs. Sur 100 patients souffrant de dermatite atopique, seuls 30% ont une allergie, le plus souvent après de très nombreuses années d’eczéma atopique mal traité. Même dans ces cas-là, la détection et l’éviction du facteur d’allergie ne résout pas le problème d’eczéma.